Aermighorn, Albristhorn, Wildstrubel, bref, le plan c’était un sommet dans l’Oberland, si possible enneigé.
Compte tenu des conditions météorologiques et de l’accessibilité, nous avons fait preuve de flexibilité. Après une courte procrastination, nous avons finalement voté. Après un vote rapidement expédié, n’étant que trois, Florent, Chantale et moi-même, nous sommes allés nous perdre à Engstligenalp… Un de ces coins reculé, au nom quasi imprononçable pour le commun des romands, qui font le charme de l’Oberland.
Objectif : essayer d’attraper la première benne pour nous ramener à environ 1900m afin de nous rapprocher le plus possible des 3243m de notre objectif de la journée, à savoir (suspens… ) Le Wildstrubel.
Dès la monté à la station d’Engstligenalp, le ton est donné. Ça sera froid, venteux et sans visibilité. Bref, à part nous, la benne est vide de randonneurs à ski. Je regarde avec un peu d’envie les autres sportifs du dimanche équipés pour la cascade de glace, mais Florent me rend attentif à l’état des cascades de glace, étroites et effilées par endroit.
Arrivé en haut, on se donne du courage avec un rapide café, puis nous attaquons. La visibilité est de quelques mètres, il n’y a pas de trace : Le trajet se fera à la carte et au GPS.
Dès les premiers petit détours, Florent lance le leitmotiv de la journée : « Ce n’est pas une sortie plaisir mais une sortie aventure ».
Après une longue distance sur un plateau, nous grimpons. La neige fraîche est par endroit très abondantes promettant de belles descentes… Si la visibilité s’améliore.
Nous progressons lentement du fait de la faible visibilité. La position doit être contrôlée très régulièrement et nous n’avons pas nécessairement toujours pris les trajectoires optimales. Chantale et moi restons admiratifs de la tâche herculéenne entreprise par Florent, nous ramener à +1300m sur une belle distance, le tout presque en aveugle.
Après près de 900m de montée, en grande partie avec les couteaux, nous nous approchons de la Frühstücksplatz. La Frühstückplatz est très exposée et nous sommes déjà frigorifiés, on se pose donc à l’abri pour un dîner rapide. Après une collation assez vite engloutie et quelques photos et selfies (révélant pour ma part une allure approchante celle d’un belligérant sur le front russe), nous nous remettons en route et attaquons la partie la plus raide.
La neige est peu stable, la raideur rend les conversions difficiles. Nous progressons encore plus lentement et l’orientation est hasardeuse dans un brouillard toujours plus dense.
Après un nouveau point rapide, il faut se rendre à l’évidence : il reste 1 tiers du trajet à effectuer et nous avons mis trop de temps pour arriver à l’endroit incertain où nous sommes. Le temps est devenu trop limite, nous interrompons à 2900m notre ascension.
On se prépare, les peaux et couteaux sont vites enlevés, on chausse les skis et on s’élance sur cette pente super raide. N’ayant aucune possibilité d’orientation, on suit Florent comme son ombre (ou plutôt l’ombre de Florent à travers la purée de pois). Belle consolation : la neige est top et nous offre du bon ski. Rapidement, trop rapidement, nous atteignons le plateau monotone. Les peaux remises, nous progressons tranquillement vers le bistro du matin en fantasmant sur un Kafi Lutz.
Au final, une belle sortie « aventure » ou on s’est consolé de ne pas avoir atteint le sommet avec un peu de bon ski. Encore merci à Florent de ne pas nous avoir fait nous catapulter à travers une corniche.
Christophe Mertz
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